Céramique contemporaine
A la suite d'un travail inspiré par le poème "Fragilité" de Michel Butor, fragilité des céramiques, mais la nôtre aussi, Michel Le Gentil aborde le problème du génocide amérindien. Une photographie d'Edward Curtis représentant une jeune Indienne de la tribu Hopi, parée d'une coiffure délicate, est à l'origine de son travail sur les têtes.
Dans son poème "Tradition", Michel Butor évoque les "orbites creuses" des crânes trouvés dans le désert. Michel Le Gentil imagine le son que produirait le vent en s'y engouffrant, ses têtes se sont creusées.
Une autre photographie, des sandales jonchant une rue de Fukushima, une fois traitées plastiquement, sont devenues des scandales...
Dans l'atelier il y a beaucoup de casse, celle, accidentelle, que connaissent tous les céramistes, et celle, volontaire, à laquelle il se livre lorsqu'une pièce qu'il juge ratée est dé-faite à coups de marteau précis, car on ne casse pas n'importe comment. Mais si on casse il faut réparer. Son travail à ce moment-là consiste à récupérer des choses déclassées éparpillées dans l'atelier et à les intégrer au travail en cours.
Il lui arrive aussi de puiser dans sa réserve, ses carnets où sont consignés notes, dessins, photos, poèmes ayant tous un lien avec le travail décrit plus haut.
Réparer participe d'une re-construction et a autant à voir avec le domaine moral qu'avec celui d'une quelconque technicité. Il n'est question que de remettre le monde en formes.
Plus il avance dans sa recherche plastique, plus il constate qu'il y a porosité entre les différentes formes d'art.