Jepthé, Jonas : histoires sacrées, opéras spirituels
Chapelle des Flandres
Giacomo Carissimi (1605-1674) est l’un des premiers à transposer l’opéra, encore naissant en cette décennie 1640-1650, dans la musique religieuse. Contemporain de Monteverdi, professeur entre autres d’Alessandro Scarlatti et Marc-Antoine Charpentier, il marque l’histoire de la musique vocale en mettant sa musique - et quelle musique ! - au service d’histoires : celles de Jephté, Jonas, Abraham, Baltazar... Il invente l’oratorio, cet opéra biblique chanté, et le fait avec brio, utilisant toutes les formes vocales pour exprimer les sentiments de ses personnages et les susciter chez l’auditeur : duo, trio, récitatif, grand chœur... Pour l’exaltation des batailles, la peur subie par l’ennemi, la douleur des lamentations, on retrouve une écriture vocale virtuose et contrastée, dont la grâce et la liberté formelle vont ouvrir la voix à l’opéra, en Italie et bien sûr en France.
La Chapelle des Flandres poursuit ainsi ses explorations musicales et ne pouvait ignorer ces sommets de l’art vocal : les histoires sacrées de Jephté et Jonas. Servis par deux chœurs et trois solistes, soutenus à l’orgue ou au clavecin, ces deux petits oratorios racontent des histoires certes édifiantes, mais surtout très humaines : le chœur final de Jephté, tout en déploration pathétique à la fois lyrique et retenue, offre un apogée de composition chorale à 6 voix.