◣ Ian Caulfield et Zaho de Sagazan en concert à la Cave !
© Zoé Joubert
Comme tout droit sorti d’un film de Larry Clark ou de Gus Van Sant, Ian Caulfield renverse l’idée d’insouciance regrettée, comme un môme défendrait sa cause. Sa parole, dans ses propres courts-métrages, et au sein de sa musique, réattribue au bas-âge le mérite de se poser des questions brutes auxquelles on s’attend trouver les réponses en grandissant.
Touché par les sales gosses qui ont agité les années 1990, il n’est jamais bien loin de Kurt Cobain, qui conduit le mouvement punk du nord des Etats-Unis, ainsi que des groupes de Britpop retentissant Outre-Manche. Pape du sous-genre britannique, Damon Albarn transcende les époques en posantsur Caulfield son empreinte, Blur et Gorilla confondus.
Sans basculer dans le genre, son écriture n’est pas sans rappeler les teintes sombres et saccadées du rap de Nekfeu. Le musicien ne se limite cependant pas dans une temporalité restreinte, et s’applique à faire vivre les histoires qu’il conte, rappelant au loin Souchon ou encore Brassens. Armé de sa guitare, le grand enfant livre ainsi des rêveries qui sauront parler à chacun.
Comme sur une page blanche, Ian Caulfield gribouille le disque « La Boule au Ventre » avec un véritable savoir-faire. Sur sa palette, une multitude de couleurs : le sentiment bête et amoureux, la nostalgie, l’incertitude et autres monstres mélancoliques croisant sa route, brodés sur des boîtes à rythme hiphop et des synthés enfantins.
Grand amateur du septième art, le cinéma se fait fortement ressentir dans la musique du Rémois d’origine. Le début des années 2000 donne naissance à Paranoïd Park de Gus Van Sant ou encore Big Fish de Tim Burton, qui n’épargnent pas notre héros. Alliant un terrain de jeu avec l’autre, Ian Caulfield attribue un film court à chaque titre de son EP.
La prétendue légèreté infantile apparait alors comme une clairvoyance qui échappe aux grands. Pourquoi pas, puisqu’après tout, « les adultes, ils ont l’air tarés quand ils dorment la bouche ouverte, mais pas les gosses. Les gosses ils sont quand même chouettes. Ils peuvent avoir en plus bavé sur leur oreiller et ils sont quand même chouettes », soulignait Holden, le héros du best-seller L’Attrape-Coeurs, de JD Salinger.
Comme évidents, les cinq premiers titres de Ian Caulfield, dont les singles Pas Grand Chose et Tu Me Manques jaillissent, aboutis, notamment grâce aux compagnons de route de ce dernier : le producteur Alexis Delong du groupe Inüit, Apollo Noir ou encore, et toujours, Benjamin Lebeau de The Shoes. C’est sans plus tarder que l’on se joint à lui dans cette épopée où Ian Caulfield, déterminé, s’est lancé . Où va-t’on ? On ne sait pas, mais on y va.
Zaho de Sagazan c’est une voix singulière et puissante, de celles qui font dresser nos poils. Un timbre grave porté par des rythmes électroniques qui côtoient la techno berlinoise et l’electronica française. Passant des murmures aux cris, l’artiste de 21 ans s’amuse, se raconte et dissèque les
travers humains sur des textes en français d’une sincérité tranchante. Ses mots, drapés de mélodies puissantes à la mélancolie subtile, nous plongent dans une intimité partagée, où l’on goûte à la délicieuse liberté de danser, de penser et de s’émouvoir. Au côté de son batteur Tom Geffray, Zaho nous livre une Krautpop moderne inspirée de ceux qui l’ont fait danser tels que Koudlam ou Autumn. Côtoyant la folie de Catherine Ringer ou Brigitte Fontaine vient toujours le moment où elle retourne s’asseoir les yeux fermés à son piano, fidèle allié de ses créations.